L'Odyssee Space

Visite interactive

Vaisseau de Krakoul

Visitez l’univers des livres avec Krakoul, le poulpe Alien ! Explorer les planêtes et découvrez leurs spécificités dans des illustrations de Marion Chevallier-Lanore.

Expérience uniquement disponible sur ordinateur ou tablette !

Tome 1

Entrée en Matière

Connerie
82.5%
Cervelle
17.5%

Avis de consommateurs

"Ci n'y pas assez cher. [...]"

J'attends le tome 2 qui devrait caler ma table pour de bon !!!

3 premiers chapitres

Tome 2

Matiere a penser

Connerie
64%
Cervelle
36%

Avis de consommateurs

À lire avec vos lunettes de soleil sous peine d'être ébloui.

Yaber Jag est décidément un auteur à suivre !

Extrait du Tome 2

Entrer le mot de passe trouvé à la fin du Tome 1 :

Tome 3

En cours de materialisation

Connerie
44.4%
Cervelle
55.6%

Avis de consommateurs

Le livre qui a mis fin au passé de l'humanité !

Enfin, la lumière est !

Interview de Yaber Jag

par Djep du Rag Mag

Comme chaque soir, hier soir, les puissances de la Direction se sont manifestées à moi par le biais de mon paraphone. « Djep ! » qu’elles disaient, la voix toujours aussi pressante que d’habitude. Mais cette fois il y avait comme un arrière-goût dans la sauce… les puissances avaient peur ! « T’es là, Djep ? », qu’elles disaient, « Djep ! Tu annules l’interview de demain ! » J’ai dit : « Bah ça alors, c’est sympa, merci patrons ! Bise ! Bye ! » Mais ils m’ont rappelé dans la seconde et ça faisait « Eh ! Oh ! Je vais te mettre au boulot, salaud ! » (J’ai ri parce que ça rimait. J’ai ri en ho même histoire de vexer personne.) « Tu rigoleras moins quand je t’aurai dit qui tu vas interviewer à la place… Demain, la personne que tu vas interviewer… c’est un mystère. »

Ils avaient raison, y avait pas de quoi rigoler. Le problème avec les mystères, c’est qu’avec eux on ne sait jamais sur quel rire danser. Par contre, avec la Direction il faut se montrer capable. Donc j’ai dit : « Un mystère, okay, aucun souci patrons, je prépare des questions mystérieuses. » Et ils enchaînent : « Arrête de faire l’andouille. Écoute, on ignore d’où il vient mais il prétend s’appeler ‘Mystère Yaber Jag’. Il dit représenter fidèlement toute sa planète. C’est sûrement un Élu local. Apparemment les journaux là-bas ne diffusent pas au-delà de sa planète, c’est pourquoi il fait appel à nous. » Ça ! c’était une bonne nouvelle, d’apprendre que notre torchon torche toujours plus loin que ceux auxquels le client a coutume de torcher. La Direction a précisé qu’il était pas question de questionner politique : ce mystère voulait parler de sa parole, ‘un romancier’ comme il dit. On s’est tapé une bonne heure à prédébrouiller ça, voulant pas passer pour des gnares quand viendrait le clash des cultures. Il fallait qu’on demande : un roman scié d’où ? un rot ment sur quoi ? un rom en car quand ? etc. J’ai conclu : « Hein ?! » J’ai continué : « Moi je suis qu’un journaliste sans histoires, j’ai pas demandé à me farcir des trucs pareils ! » Mais la Direction insistait : « Peut-être que le moment est venu pour nous de nous farcir dans l’Histoire… »

Alors j’ai fait de mon mieux, j’ai même proposé une version écrite de l’interview, pour coller à l’esprit du romancier. Ça vaut ce que ça vaut !

D. Bonjour Yaber Jag.

Y.J. …

D. Vous ne dites pas bonjour ?

Y.J. Jamais, non.

D. On ne dit pas bonjour de là d’où vous venez ?

Y.J. C’est exact. On ne dit pas bonjour, on ne sourit pas. Et on est les meilleurs.

D. Et d’où venez-vous, exactement ?

Y.J. De France. (il allume une cigarette)

D. Intéressant. Je suis sûr qu’en savoir plus sur cette planète intéresserait nos lecteurs.

Y.J. Pas sûr, non.

D. Ne soyez pas si pessimiste…

Y.J. Que pensez-vous du multiculturalisme ?

D. Le multiculturalisme ? Je trouve cela merveilleux.

Y.J. Alors je vous prierais de vous émerveiller de ce que ma culture vous emmerde. (rires déployés)

D. Eh bien… pourquoi pas, au fond ! Je sais faire preuve d’ouverture d’esprit !

Y.J. Ouvrez vos oreilles pour commencer. Bon. Alors… Est-ce que les romans de Yaber Jag ne sont pas franchement éblouissants ? Je vais me répondre : mes romans sont d’un tel niveau et d’une telle profondeur que cela relève tout simplement du miracle, ils sont une chance inespérée pour l’art en général, et ajoutez à cela que j’ai un humour tordant. Achetez tout mon stock.

D. Écoutez, je crois que vous ne comprenez pas grand-chose au marketing… Laissez une chance à vos romans en m’autorisant à faire mon travail, d’accord ?

Y.J. Hum… Mouais… Essayons…

D. Ça va bien se passer. Allons-y. Pour commencer, parlez-nous un peu de vous.

Y.J. Je m’appelle Yaber Jag.

D. Vraiment ? Ce n’est pas un pseudonyme ?

Y.J. Si, bien sûr.

D. Et vous êtes écrivain.

Y.J. C’est mon pseudotravail, oui.

D. (rires) On dirait que vous êtes aussi un pseudoblagueur !

Y.J. Et vous, que vous ne craignez pas de vous retrouver avec une pseudogueule.

D. Je vois. Donc vous usez d’un faux nom. Serait-ce parce que vos écrits pourraient heurter certaines sensibilités ?

Y.J. Pas tant que ça, enculé. (rires)

D. Que veut dire ce mot ? C’est du francien ?

Y.J. Oui. Ça désigne quelqu’un de « très accueillant ».

D. Oh ! C’est trop d’honneur ! Pour en revenir à l’interview : Si ce n’est pas l’aspect désobligeant de vos fictions, qu’est-ce qui vous incite à garder l’anonymat ?

Y.J. C’est une phobie que j’ai, qui est celle de devenir célèbre. Quand on est une idole, on ne sait jamais si on est aimé pour cela ou pour la dimension réelle de mon sexe.

D. Je comprends. Vous ne tenez pas à ce que tout le monde devienne votre enculé.

Y.J. Voilà. Je ne veux conserver que les vrais enculés.

D. Quelles sont vos influences en tant qu’auteur ?

Y.J. Hum, elles sont toutes originaires de ma planète, vous savez, alors j’ai peur que cela ne vous parle pas beaucoup…

D. Allons, nos lecteurs sont plus cultivés que vous ne le pensez.

Y.J. Ça, c’est tant pis pour eux ! Mes influences peuvent être classées en deux groupes. Il y a d’abord celles qui sont drôles, parce que j’écris du sérieux-drôle, vous comprenez : Douglas Adams, Monty Python, Frank Zappa, Robert Sheckley, les studios Rareware, South Park, Rick et Morty, Eiichiro Oda, James Morrow, R. A. Lafferty, George Carlin, Bill Hicks, Stephen Colbert, Zinedine Zidane, Jacques Chirac, Stéphanie de Monaco, Joey Starr, Florent Pagny, BFMTV… la bière… la coke… les anxiolytiques…

D. Ça devrait suffire pour les drôles.

Y.J. Il y a ensuite les sérieuses. Ça donne : Shakespeare, Hermann Hesse, Dostoïevski, Tolstoï, Pouchkine, Homère, Dante, Umberto Eco, Goethe, Cervantes, Mishima, Murakami, Molière, Voltaire, Hugo, Balzac, Dumas, Flaubert, Maupassant, Proust, Zola, Stendhal, George Sand, Albert Camus, Marguerite Yourcenar, Joseph Conrad, Kafka, Kundera, Borges, Hemingway, Steinbeck, Dickens, Beckett, Joyce, Agatha Christie… pour la science-fiction : Asimov, Arthur C. Clarke, Stanley Kubrick, Jules Verne, H. G. Wells, Huxley, Orwell, Alan Moore, Greg Egan, Robert Silverberg, Harlan Ellison, Arthur Koestler, Charles Fort, Sonic le Hérisson, Éric Zemmour…

D. Merci, merci, ça fera l’affaire… Vous aviez vraiment besoin de citer tous ces auteurs ? Vous avez lu tout ça ?

Y.J. Non, pas du tout, je n’ai lu aucun de ces auteurs.

D. Mais alors…

Y.J. Si jamais, par malheur, j’en plagie un ici ou là, je n’aimerais pas qu’on me reproche de l’avoir fait, donc en citant un maximum d’entre eux je montre ma connaissance de ces auteurs pour qu’un éventuel plagiat soit interprété plutôt comme un hommage.

D. Mais si vous ne les avez pas lus…

Y.J. Si je ne les cite pas je risque d’être accusé de plagiat ! Il suffirait qu’un seul d’entre eux soit aussi génial que moi et il pourrait y avoir une idée à lui qui ressemble à l’une des miennes. Je doute que cela arrive, mais après tout, qui me dit qu’aucun d’entre eux n’a eu à un moment de sa carrière un semblant de mon génie ?

D. C’est vrai… qui, en effet, dirait une chose pareille…

Y.J. Personne !

D. Personne, non… Poursuivons. Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’écrire cette trilogie ?

Y.J. Ah, LA question ! « D’où vous vient l’inspiration ? », pas vrai ? Que les choses soient claires : je ne vais pas me défiler comme tous ces auteurs, je vais vous répondre sérieusement, sans mysticisme et sans fanfare. J’espère seulement que vous, et surtout vos lecteurs, saurez accepter la dure réalité qui est que certains ont en eux le don, et que d’autres sont sans espoir. (il écrase sa cigarette en prenant soin d’étouffer toutes les braises)

D. Je vous trouve un peu dur. Ne pensez-vous pas qu’il est bon de croire en ses rêves ? Ou tout du moins qu’il faut croire en soi pour avancer ?

Y.J. Absolument pas, non. La preuve : je ne crois pas en moi, je n’en ai pas besoin puisque c’est un fait avéré que j’ai du talent.

D. (Il s’y croit à fond, là…)

Y.J. Maintenant, d’où me viennent mes idées… C’est bien simple. Un jour, au supermarché, alors que je faisais mes courses à la poissonnerie, devinez sur quoi je suis tombé.

D. Sur des bigorneaux.

Y.J. Eh non ! Je suis tombé sur la tête ! Il y avait des anguilles qui traînaient par terre, des anguilles électriques, vivantes. Sans le faire exprès, j’ai marché dessus. J’ai reçu à travers mes sandales une secousse de pas loin de 200 volts. Ça m’a électrisé, et… voilà le résultat. Quand je me suis réveillé, j’avais des pouvoirs. Il y avait tout d’abord le pouvoir de traiter la poissonnière de « grande conne », ainsi que de « pauvre sac à merde » – ça c’étaient les pouvoirs les plus basiques. Puis j’ai rapidement acquis des pouvoirs plus impressionnants, comme celui de lui souhaiter de mourir à un âge avancé mais en commençant tout de suite, par exemple, ou encore le pouvoir de lui exprimer vigoureusement que ses anguilles seraient plus à leur place dans son gros trou du cul de pouffiasse.

D. Je n’ai pas tout compris.

Y.J. Peu importe. Je ne vais pas vous dévoiler toutes mes nouvelles capacités, quand même. Ce qui compte, c’est la réflexion à laquelle ça m’a amené. Voyez-vous, j’ai pensé : était-ce bien sa faute à elle ?

D. Vous voulez dire que ce pouvait aussi être la vôtre, de ne pas regarder où vous mettiez les pieds, n’est-ce pas ?

Y.J. Hein ? Non, pas du tout. Soyez sage. La faute… En résumé, ou bien c’était la poissonnière, ou alors c’était le hasard

D. Le hasard…

Y.J. C’est ça. Était-ce le fait de la poissonnière, ou bien celui du Hasard… Difficile à dire.

D. Mais vous ne croyez pas, quand m…

Y.J. Ta gueule.

D. Certes.

Y.J. Et de là, mes romans. J’essaie d’y explorer cette énigme éternelle : À qui la faute ? Serait-ce celle des autres ? Ou n’y aurait-il en vérité aucun responsable.

D. C’est passionnant.

Y.J. Non. C’est pourri. Mais je devais trouver de quoi m’occuper pendant le boulot. Je suis syndiqué.

D. Et vous aviez vraiment besoin de tant de pages pour explorer cette énigme ? Qu’est-ce qui empêche le lecteur de s’ennuyer ?

Y.J. J’ai glissé un peu partout des images subliminales de ta mère.

D. …

Y.J. Humour.

D. Vous ne pourriez pas répondre sérieusement ?

Y.J. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Il y a des morts, du sexe, des vannes, et des extraterrestres. Avec ça qui ne serait pas content ? (il s’allume une seconde clope)

D. Okay. Poursuivons avec la question suivante, qui concerne l’édition. Vous êtes auto-édité. Pourquoi ne pas être passé par un vrai éditeur ? Est-ce une volonté de votre part ou êtes-vous trop nul ?

Y.J. Vous devriez goûter un plat de chez nous. Ça se mange avec la main, directement dans la gueule. Un plat de la main.

D. Ça a quel goût ?

Y.J. Quand c’est bien fait ça a le goût de fer.

D. Ah oui ? Pourquoi pas, un jour où je serais carencé.

Y.J. Je vous en mets un de côté, ça me fait plaisir… Mais répondons à votre question. Je ne voudrais pas laisser vos lecteurs dans le doute. Le manuscrit de mon premier tome est passé entre les mains de pas mal d’éditeurs. Ils m’ont pratiquement tous répondu que le plaisir de lecture était bien présent, mais que ça ne correspondait pas à leur ligne éditoriale. Mes romans ne sont pas bons pour la ligne, lecteurs, soyez avertis. Suis-je donc inclassable ? Ce serait pour moi une première réussite ! Le fait est que je m’attendais à des réponses de ce genre. Quand il s’agit d’une grande maison d’édition, la prise de risque est une perte de temps ; à leur place je ferais pareil, c’est la loi du confort. Pour les maisons plus petites, il faut bien prendre des risques – c’est toujours le cas là où l’expérience fait encore défaut – mais on s’inspire nécessairement de l’expérience des plus grands, et finalement, pour une histoire trop originale, il n’y a pas plus de place chez les petits que chez les grands. Sans compter que les éditeurs sont conscients des aboutissants de l’auto-édition : on laisse les auto-édités faire leurs preuves, et quand l’un d’entre eux se démarque il est toujours temps de lui proposer de rallier le système, c’est un procédé vieux comme le monde, comme les mercenaires qui ont des faits d’armes et se voient offrir ensuite une place dans l’armée.

D. Votre histoire serait trop originale ?

Y.J. Mes histoires sont, ou ne sont pas, trop originales dans l’absolu. Au lecteur de choisir. En revanche, mon premier tome l’est trop pour un éditeur. Je ne suis pas connu, je débarque.

D. Vous devriez sans doute commencer par des histoires plus conventionnelles, alors ! Vous pourriez remettre à plus tard vos expériences bizarres !

Y.J. Vous êtes un petit malin ! Évidemment que c’est la meilleure façon de faire… Mais j’ai ce pseudotravail, et… j’ai mon travail. (il éteint sa deuxième cigarette)

D. Qui est… ?

Y.J. Très prenant ! Je n’ai pas de temps à perdre à écrire pour plaire à tout le monde. Je n’ai qu’une vie, des choses à faire, je ne rêve pas de gloire ni n’ai besoin de rouler sur l’or. Comme quoi, l’auto-édition et moi étions faits l’un pour l’autre !

D. Il faut que vous leviez un peu du mystère, Yaber Jag : expliquez-nous un minimum ce que vous avez tenté, au moins avec le premier tome…

Y.J. Pourquoi pas. Sur le plan de la trame scénaristique, mon premier tome est à contre-courant, c’est certain. Vous connaissez peut-être cette approche du récit qu’on nomme la Déconstruction ? C’est original en soi, mais ça ne l’était pas assez pour mon esprit hypérieur. J’aime bien la Déconstruction, et j’en use à partir du tome 2, mais dans le 1 j’ai osé ce que j’appelle la Destruction. Je me suis efforcé de tout faire comme il ne fallait pas. (il allume sa troisième cigarette, j’étouffe)

D. La destruction est plus facile que la construction, et beaucoup plus facile que la déconstruction. Vous avez fait n’importe quoi, en somme…

Y.J. Tu me fais de moins en moins penser à un enculé, et de plus en plus à un cadavre.

D. …

Y.J. La Destruction, c’est la Déconstruction, moins Con. Je ne peux rien justifier sans vous révéler mon récit. Tout ce que je peux faire, c’est vous évoquer une représentation à la fois cohérente et nébuleuse de ma façon de faire. La Destruction, telle que je la pratique, ne doit pas vous faire penser à une bombe atomique. De même que la Déconstruction, dans l’art du récit, ne consiste pas simplement à défaire une construction et à en montrer du doigt les éléments – ce ne serait alors que de l’analyse… Dans la Déconstruction on démonte et on remonte différemment, pour dire « voilà, c’est plus logique, c’est plus vrai quand c’est construit comme ça ». Avec ma Destruction j’ai effectivement éclaté et rendu méconnaissables les éléments d’un scénario construit, sauf que j’ai tâché de faire en sorte que les morceaux se construisent ensuite les uns les autres.

D. Vous causez le chaos, puis vous en faites une société ?

Y.J. C’est-à-dire que l’aventure de mon histoire est une anti-aventure. Elle se passe dans un monde qui a sa propre histoire et qui se trouve à la conclusion de celle-ci, autrement dit une construction achevée, un objet fini. Et il s’y produit une destruction, mais une destruction qui va tendre à se reconstruire malgré elle.

D. De la manière dont vous en parlez, on dirait que tout arrive par hasard… Attendez, mais… !

Y.J. Eh oui ! Vous vous souvenez de mon expérience de la poissonnerie ! J’ai lancé ma trilogie sur le thème du Hasard !

D. C’est complétement nul !

Y.J. Hey, calme-toi, connard !

D. Mais ça veut dire que vous pouvez faire tout et n’importe quoi et dire « c’est le Hasard » ! N’importe qui pourrait en faire autant !

Y.J. Demeuré ! Tu crois que je n’y avais pas pensé ? C’est justement là que ça se corse ! C’est là le défi que je me suis lancé ! Oui, le Hasard est très pratique, c’est de la magie divine, la Main de l’Écrivain Tout-Puissant, mais c’est comme la Science, elle n’est pas mauvaise en elle-même, c’est l’usage qu’on en fait !

D. Et quel usage faites-vous de cette fameuse main ?

Y.J. Dois-je comprendre que vous méprisez la branlette intellectuelle ? Mais c’est un Univers qui jaillit chaque fois que Dieu s’astique l’organe producteur !

D. (il se prend pour un Dieu maintenant…)

Y.J. Je ne fais pas n’importe quoi ! Je noue le Hasard en arabesques ! Le dénoue en chinoiseries ! L’entrelace et le délace d’artiste façon, avec une subtilité millimétrée ! C’est de la branlette de compète ! J’ai fait en sorte que… en sorte que… et… et merde ! Je ne vais pas raconter mes romans !

D. Vous ne pouvez pas nous en apprendre trop sur vos histoires, mais nous en avons saisi l’essentiel. Ce que vous faites est… très intelligent. N’est-ce pas prétentieux de votre part, tout de même ?

Y.J. Si, bien sûr. Et pourtant, je vais vous dire, ce n’est pas ce qui me fait le plus peur. Je me trouve beaucoup plus prétentieux quand je me dis capable d’écrire des bêtises incomparables. C’est beaucoup plus dur que ça n’en a l’air. Je compte plus volontiers sur mes facultés à réfléchir que sur celles que j’espère avoir d’être un abruti fini… Venant de mes lecteurs, s’il est un compliment qui me transporterait, vraiment, ce serait qu’ils engagent une mesure d’internement forcé à mon encontre. Cela me transporterait tout droit dans un hôpital psychiatrique. En partant évidemment du principe qu’il est possible de se faire interner au sein même d’un internement, un hôpital dans l’hôpital, où les dingues soignent des dingues encore plus dingues. J’espère vraiment que je serai à la hauteur d’un tel compliment. À part ça, je suis presque au bout de ma dernière cigarette. Juste pour vous prévenir qu’après je me casse.

D. Une dernière question, alors.

Y.J. Envoie.

D. Si vous aviez un conseil à donner aux gens qui hésitent encore à vous lire, ce serait ?

Y.J. De surveiller leurs arrières. La Destruction arrive.

D. Parfait ! On vous le souhaite ! Et on espère que vos lecteurs seront d’excellents enculés avec vos romans.

Y.J. …

D. Eh bien ce fut un entretien des plus « destructif », haha ! Il est temps de se dire au revoir !

Y.J. (il écrase sa cigarette sur l’accoudoir, et s’en va)

D. Merci de nous avoir suivis. C’était Djep, du Rag Mag. À très bientôt !